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Un certain nombre d’événements survenus et d’écrits commis depuis notre chronique du printemps 2004 nous incitent aujourd’hui à revenir sur cette notion de « patrimoine immatériel » qui accapare chaque jour une part grandissante de l’investissement collectif dans la valorisation culturelle. Voilà en effet que le patrimoine pourrait nuire au tourisme qui le sustente. Le « patrimoine immatériel », selon l’UNESCO, renvoie aux « pratiques, représentations et expressions, les connaissances et savoir-faire que les communautés et les groupes et, dans certains cas, les individus, reconnaissent comme partie intégrante de leur patrimoine culturel ». Ce corpus, dont la noble institution culturelle mondialisante nous apprend qu’on l’appelle parfois « patrimoine culturel vivant », engloberait les traditions et expressions orales, y compris la langue en tant que véhicule pour le patrimoine culturel immatériel ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers [et] les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel (UNESCO, 2003a : 2). En dépit des prétentions de l’UNESCO selon qui le « patrimoine immatériel » serait « garant du développement durable » (UNESCO, 2003 : 1) (autre thème bien à la mode), c’est tout le contraire, donc, qui se produira. D’abord parce que, comme nous venons de le voir, la notion de patrimoine immatériel, plutôt que de proposer une gestion efficace de la ressource (le patrimoine ou la culture), invalide l’unique modèle connu qui assure le développement de celle-ci, en l’occurrence le tourisme. Ensuite et surtout parce que, même en prenant appui sur le prétexte de la diversification de l’offre touristique pour s’épanouir, le patrimoine immatériel draine l’énergie que l’on consacrerait autrement, justement, à la ressource véritable : le patrimoine matériel. Le patrimoine immatériel n’est, lui, qu’un oxymoron, au mieux une confusion, entre un objet… et son interprétation. Le patrimoine immatériel, à défaut de topos et du fait d’une accessibilité amplifiée par la vogue actuelle de la locution, finira par confiner l’activité touristique au dépaysement local. Pratiques, connaissances et savoir-faire, croyances, rites et religions, éminemment délocalisables, doivent impérativement séduire, on le comprendra, ethnologues, folkloristes, sociologues, sémiologues et autres chasseurs de mythes. Mais le promoteur touristique ? Rien n’est moins sûr. |
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