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Abstract |
Dernière déclinaison de la notion de patrimoine, le patrimoine culturel immatériel (PCI) en est peut-être aussi la plus énigmatique et déroutante. Cette nouvelle catégorie, introduite par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), perturbe aujourd’hui le domaine du patrimoine, historiquement fondé sur un « régime d’objet » : les institutions patrimoniales peinent à concevoir la dimension immatérielle et à l’intégrer dans leur organisation, et la prise en compte des valeurs sociales du patrimoine, enjeu véritable des politiques de sauvegarde du PCI, ne relève pas des compétences techniques et scientifiques des professionnels du patrimoine.Si l’irruption du pci pose des problèmes concrets aux responsables de la mise en œuvre des politiques culturelles, les théoriciens du patrimoine en dénoncent les limites conceptuelles, voyant dans cette notion une « aberration intellectuelle », dernier avatar de ce que Henri-Pierre Jeudy (2001) appelle « l’obsession patrimoniale », cette hantise qui rongerait la société contemporaine jusqu’à anéantir le présent dans une « rétroaction perpétuelle ». Les ethnologues ont souvent dénoncé comme universalistes les interventions de l’Unesco et les ont soupçonnées de favoriser une fixation muséalisatrice des processus culturels (Amselle 2004), d’encourager l’invention de traditions et la mise en spectacle de la culture dite « traditionnelle » à travers une revitalisation de pratiques désuètes qui n’ont plus... |
URL |
http://terrain.revues.org/14447
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